Les nouvelles routes du commerce...
Le commerce a de tous temps été un puissant moteur de la vie collective et du développement urbain. Il y a peu de villes au monde dont la première raison d’être n’a été le commerce et les échanges, les marchés et les foires et cela depuis les premières cités apparues dans le croissant fertile.
Bien sûr, les bouleversements de ce secteur se sont multipliés tout au long des siècles ; Après les grands magasins, puis la grande distribution, le commerce de périphérie et les shopping centers on voit aujourd‘hui se développer le E-Commerce avec la puissance de ses bases de données…Et demain, certainement de nouvelles formes de commerce dopées par une intelligence artificielle et des outils connectés.
Dans le commerce comme dans beaucoup de services, le dernier arrivé, qui rend les choses plus simples pour le consommateur ou les produits moins chers bouscule forcément ses concurrents et prend vite une place importante voire dominante. Aujourd’hui, le E-commerce semble croitre de manière irrésistible quand il s’agit d’abord de facilité de service, de rapidité et de prix.
Il y a pourtant un terrain sur lequel le commerce (uniquement) en ligne ne pourra prétendre répondre aux attentes et aux envies du consommateur ; ce besoin de découvrir, d’expérimenter, au milieu de la ville avec tous ses attraits, le shopping autant comme un loisir qu’un besoin pratiqué collectivement.
Le dynamisme de certains lieux touristiques, de certains centres-villes est là pour le démontrer ; le public répond présent quand il y a une offre et un lieu attractifs, variés, séduisants, bienveillants… et accessibles. Tout cela, pour rappeler que le « consommateur » n’est pas qu’un individu rationnel et calculateur, ne recherchant que rapidité, facilité et prix, mais aussi un être social, qui reste toujours attiré par des expériences nouvelles, pour peu que l’on lui en offre l’opportunité.
Pour atteindre ces objectifs, nous devons nous attacher à créer des Lieux désirables, facilement accessibles, avec une offre et des services nouveaux. Des lieux avec une identité forte, un esprit authentiquement urbain, à l’opposé d’une « machine à consommer » uniquement fonctionnelle et trop souvent aseptisée. C’est seulement à ce prix que le commerce physique pourra retrouver une place de choix et donner de nouveau l’envie de « faire du shopping » ; faire de cette expérience une fête, un moment d’exception. Retrouver le contact avec l’objet désiré, vivre une expérience inhabituelle, découvrir, pourquoi pas se cultiver, se sentir valorisé, dans un cadre détendu.
C’est là que l’architecture et la construction de la ville prennent toute leur place ; Un lieu bâti avec et dans la Ville, qui joue avec le passé et se tourne vers l’avenir. Ce travail d’alchimiste est aujourd’hui plus que jamais essentiel autant que délicat.
L’architecte a un rôle central à y jouer en équipe avec les investisseurs, développeurs, et surtout les commerçants. Les règles d’hier, même si elles ne sont pas toutes obsolètes sont en grande partie à réinventer. Chaque lieu demande un travail sur mesure, une scénographie, de la haute couture plutôt que du prêt-à-porter.
Voici ce qui nous semble les quelques pistes de réflexion à explorer pour entrevoir les nouvelles recettes du succès :
· D’abord créer un Lieu, désirable, surprenant, ouvert, avec une forte identité, un esprit urbain, une Ame. Mettre en scène la variété, la découverte, l’étonnement. C’est aussi s’appuyer sur une histoire, un environnement. Il s’agit de créer des lieux d’exception qui feront la fierté des riverains et des visiteurs, bâtir un cadre prêt à accueillir la diversité de la vie urbaine sans se limiter à un décor, un cadre qui donne le sentiment à chaque visiteur d’être considéré et valorisé, d’être bienvenu.
Shopping Promenade à Amiens; un parcours urbain tout entier construit autour de l’expérience du visiteur, variété, authenticité, végétaux, un succès qui ne se dément pas.
· Ensuite, développer de nouveaux modèles décloisonnés du commerce, pour s’adresser au client d’une manière moins figée et institutionnelle. Briser le modèle traditionnel des alignements de « cellules commerciales » et jouer plutôt sur l’ouverture, la proximité inattendue, l’échange et la complémentarité, le foisonnement et la richesse de l’offre dans une nouvelle expérience pour le client. Les food-halls, qui ont décloisonné les lieux de restauration et l’univers de la nourriture plaisir en sont déjà une première illustration mais de tels modèles pourraient certainement être développés dans d’autre secteurs du commerce.
Projet 2024, un projet LAB de 2009 pour imaginer le commerce en 2024. Mixité, proximité, espaces publics, centralités multiples.
· Il faut encore bâtir sur l’existant, dans un esprit responsable de ré-usage, de sédimentation, en valorisant le passé pour imaginer l’avenir. Bâtir aussi parmi l’existant en densifiant, perçant de nouveaux parcours dans le tissu urbain, végétalisant parfois, offrant de nouvelles relations entre les fonctions et les époques. Il s’agit aussi de rendre les espaces agiles, ouverts à une évolution qui se devra d’être permanente, de trouver une certaine polyvalence pour des lieux qui pourront ainsi muter, s’adapter aux nouveaux usages encore imprévus, pour accueillir la vie urbaine de demain.
Cour Bareuzai à Dijon, Mention spéciale Extérieur PRIX VERSAILLES Europe 2020 (catégorie Galeries marchandes) à la Cour Bareuzai (Dijon, France).Un exemple de nouveau parcours dans la ville historique. Un véritable lieu de découverte pour les visiteurs. Valorisation du patrimoine. Confrontations et dialogues des époques.
· Hybrider les usages. S’il y a bien une chose qui n’est plus adapté aux évolutions des modes de vie, c’est bien la mono activité, la mono fonction, dans une temporalité immuable. Les projets doivent désormais être multiusage, multi activités, vivant tout au long de la journée à l’image de la vie décloisonnée qui s’impose de plus en plus à chacun. Il faut penser le commerce comme un marché ouvert, parmi les autres activités de la ville et de ses habitants, avec des proximités inattendues.
Passage Pasteur ; reconstruction d’un îlot urbain au cœur d’une cité historique ; mixité, imbrication des fonctions, valorisation de l’architecture et l’urbanisme historique de Besançon.
· Il faut enfin retrouver l’échelle humaine la simplicité d’usage, la proximité. Retrouver le commerce au pied de chez soi, dans son quartier, au milieu de nombreux autres services, de loisirs et d’activités. Avec facilité d’accès, les technologies et tous les services de livraison modernes…
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